Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?

Avertissement : Le sujet abordé dans cette série d’articles peut heurter la sensibilité de certains lecteurs. L’auteur s’excuse par avance si ses propos ou ses choix de traitement du sujet viennent à choquer ou blesser. L’intention n’est en aucun cas d’ajouter de la souffrance à la souffrance, mais de montrer comment cette thématique est abordée dans la Bible, avec respect et bienveillance.

Si on fait l’expérience d’un micro trottoir en posant la question “Si vous rencontrez Dieu, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?”, la plupart des passants répondent : “Pourquoi tant de souffrances dans le monde ?”, “Où est Dieu quand on souffre ?”, “Que fait-il ?”…

Ces questions sont légitimes et montrent que la souffrance est universelle. Tous, nous en avons fait l’expérience, dès notre venue au monde lors de notre premier souffle, puis au cours de notre vie.

On peut se demander pourquoi. La Bible apporte t-elle un éclairage ?


D’où vient la souffrance ?

Cette question semble avoir été essentielle pour les rédacteurs de la Bible, puisque c’est elle qui ouvre le tout premier livre, celui de la Genèse.

Dans les deux premiers chapitres, on peut lire le récit poétique et symbolique de la création du monde. Un monde idyllique dans lequel tout est en harmonie : nature, animaux, hommes, Dieu.

Adam et Eve vivent dans un jardin, au sein duquel la nourriture est abondante.

Rien ne semble pouvoir troubler ce bonheur.

Sauf que.

Au centre du jardin, il y a deux arbres : l’arbre de Vie et l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Vous connaissez la suite : le serpent, la pomme, le châtiment…

Le Seigneur Dieu dit ensuite à la femme : “Je multiplierai la peine de tes grossesses ; c’est dans la peine que tu enfanteras des fils. Ton désir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi.” Il dit enfin à l’homme : “Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-même, il te donnera épines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras.” (Genèse 3:16-19)

Sympa, hein ?

Si on s’en tient à ces versets, Dieu apparaît comme un sadique, mettant sous les yeux des hommes le fruit de la tentation, puis prenant un malin plaisir à les punir.

Pas étonnant qu’on lui en veuille quand on souffre ou qu’on rejette l’idée de son existence !


La souffrance, une question existentielle 

Pourquoi souffrons-nous et comment y faire face ?

Toutes les cultures se sont posé la question de la souffrance, depuis l’Antiquité. On peut penser à Diogène, ce philosophe grec, qui se roulait dans le sable brûlant afin de maîtriser la souffrance physique. Pour lui, la meilleure façon de se débarrasser de la douleur était de vivre avec, pouvoir s’en rendre maître.

On retrouve cette idée chez le latin Sénèque, un philosophe Stoïcien : l’homme doit observer ce qui dépend de lui et ce qui ne dépend pas de lui. Notre seule action possible est parfois de ne pas laisser notre âme être envahie par la douleur. 

Si les philosophes occidentaux se concentrent souvent sur la maîtrise de soi et l’acceptation de la douleur, les traditions orientales, comme le bouddhisme, abordent la souffrance avec une approche plus intérieure, où l’on cherche à comprendre sa nature et à en réduire l’impact sur l’esprit.

Le bouddhisme propose une approche particulière de la souffrance, centrée sur l’acceptation et le détachement. Il est né du désir compassionnel de trouver une solution aux souffrances inhérentes à la vie des êtres humains. C’est là sa préoccupation essentielle. Il propose un chemin d’acceptation du fait que la souffrance fait partie de l’existence humaine : si nous ne pouvons rien faire par rapport à la douleur physique, nous pouvons agir sur la souffrance morale, en pratiquant le détachement grâce à la méditation, par exemple.


La souffrance, une conséquence de notre liberté ?

La Bible propose une explication sur l’existence de la souffrance. Si on relit le passage de la Genèse, on voit que Dieu avertit les hommes en amont et leur déconseille de manger le fruit de l’arbre sous peine d’en mourir.

Pourquoi avoir placé cet arbre dans le jardin en ce cas ? 

Dieu aime l’homme, et souhaite de tout son cœur en être aimé en retour. Mais pour qu’un amour véritable existe, il faut que l’homme soit libre (on ne peut aimer en vérité sous la contrainte).

La Bible explique l’origine du Mal dans le monde par ce mauvais choix de l’homme de ne pas écouter son Créateur. Et ce premier choix désastreux a des conséquences sur toute la création qui est depuis comme blessée et traversée par le Mal. 

Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. (Romains 8:22)

En offrant à l’homme le don de la liberté, Dieu lui permet de faire des choix, mais ces choix peuvent avoir des conséquences qui ne sont pas toujours heureuses, et la souffrance en fait partie.

Il est même écrit un peu plus loin : 

Le Seigneur vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toutes les pensées de son cœur se portaient uniquement vers le mal à longueur de journée.  Le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. (Genèse 6:5-6) 

À ce stade, la souffrance semble être une juste conséquence des actes mauvais que l’homme pose librement, une sorte de punition proportionnée à ce qu’il commet.

Pourtant, la plupart d’entre nous a plutôt l’impression d’agir au mieux dans sa vie, en essayant d’être le plus humain possible. Notre souffrance paraît en ce cas incompréhensible.

C’est ce que j’ai ressenti lorsqu’après avoir attendu des années le bonheur d’avoir un enfant, nous avons perdu notre bébé au début du troisième trimestre de grossesse. Qu’avions-nous fait pour mériter cela ? Pourquoi Dieu nous avait-il accordé d’avoir un enfant si c’était pour le reprendre avant son premier souffle ?

On peut avoir l’impression de vivre dans un monde “pourri”, marqué par la souffrance du point de vue des peuples comme des individus, comme l’exprime très bien cette chanson de Grand Corps Malade. La souffrance touche chacun, que ce soit dans les épreuves personnelles ou dans les injustices collectives qui marquent notre monde.


Pourquoi l’innocent est-il frappé ?

Dans la Bible, un personnage est célèbre pour ses souffrances : Job. Au départ, tout va bien dans sa vie : il est riche, reconnu, respecté. Il a une famille harmonieuse, des biens, des serviteurs. C’est un homme pieux.

Il va faire l’objet d’une sorte de “pari” entre Dieu et le diable. Ce dernier est certain que si on lui retire tout, il va se rebeller contre Dieu.

Alors il va tout perdre, le même jour.

Il réagit avec une étonnante sagesse :

Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! (Job 1:21)

A sa place, on aurait plutôt envie d’hurler, de jeter un “pourquoi ?” à la face de Dieu ! 

Cela pose la question plus large : pourquoi la souffrance frappe-t-elle aussi les innocents, ceux qui ne semblent avoir rien fait pour mériter cela ?

Le texte biblique nous montre ici que l’origine des maux qui frappent Job ne viennent pas de Dieu mais du Diable. Il éprouve du plaisir à infliger de la souffrance aux hommes car il déteste l’image de Dieu qu’il voit en nous.

Nos épreuves, nos souffrances ne sont pas voulues par Dieu, mais le résultat du désordre dans la création, marquée par le Mal.

Dans cette série d’article, nous aborderons les différents types de souffrance (physique, émotionnelle, psychique, sociale…) avant de chercher le sens que nous pouvons leur donner.

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