J’ai toujours été marqué par la figure de Judas et son destin tragique. J’ai toujours eu du mal à comprendre ce qui avait pu motiver sa trahison, lui qui avait été un fidèle disciple de Jésus.
Il y a quelques années, alors que je préparais un cours pour des collégiens sur les prophéties de l’Ancien Testament qui annonçaient le Messie, qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’une de ces prophéties annonçait précisément cette trahison à venir en y ajoutant des détails étonnants.
C’est ce que je vous propose de découvrir aujourd’hui.
Qui était Judas Iscariote ?
Judas était l’un des douze disciples choisis par Jésus. Il faisait donc partie du cercle le plus proche du Christ. Il portait le nom d’ »Iscariote », probablement pour le distinguer d’un autre disciple du nom de Judas (Jude, frère de Jacques). Il était chargé de la bourse commune du groupe. Mais selon l’Évangile de Jean, il se servait parfois dans cette bourse pour lui-même (Jean 12,6).
Ce qui rend la trahison de Judas si marquante, c’est qu’elle vient de l’intérieur : Jésus est livré non par un ennemi extérieur, mais par un compagnon, un ami proche.
Pourquoi Judas a-t-il trahi Jésus ?
Les raisons ne sont pas clairement détaillées dans les Évangiles, mais il me semble que plusieurs éléments peuvent nous éclairer sans toutefois nous apporter une réponse entièrement satisfaisante, sans doute faut-il accepter qu’une part de mystère subsistera toujours :
- l’appât du gain : Judas reçoit trente pièces d’argent pour livrer Jésus (Matthieu 26,15).
- une déception ? Peut-être attendait-il un Messie plus politique ou plus combatif (pour combattre l’envahisseur romain par exemple), et aurait été déçu par Jésus qui prônait l’amour des ennemis et le pardon des péchés.
- une influence démoniaque : Saint Luc écrit que Satan entra en Judas (Luc 22,3), cela pourrait nous indiquer une influence du diable qui aurait directement poussé Judas à trahir Jésus.
Une trahison prophétisée dans l’Ancien Testament
Dans l’Évangile de Matthieu, l’auteur souligne que ce qui est arrivé avait été “annoncé par les prophètes” (Matthieu 27,9-10). L’un des passages qui me semble le plus étonnant à ce sujet se trouve dans le livre de Zacharie, au chapitre 11.
Dans ce passage, le prophète Zacharie joue le rôle d’un berger rejeté par son peuple. Après avoir quitté cette fonction symbolique, il demande son « salaire », et on lui verse trente pièces d’argent.
“Alors je dis : « Je ne veux plus vous faire paître. Celle qui doit mourir, qu’elle meure ; celle qui doit disparaître, qu’elle disparaisse, et celles qui survivent, qu’elles se dévorent entre elles. »
Puis je pris mon bâton « Faveur » et je le brisai pour rompre mon alliance, celle que j’avais conclue avec tous les peuples (…)Je leur dis alors : « Si cela vous semble bon, donnez-moi mon salaire, sinon n’en faites rien. » Ils pesèrent mon salaire : trente pièces d’argent.
Le Seigneur me dit : « Jette-le au potier, ce joli prix auquel ils m’ont apprécié ! » Alors je ramassai les trente pièces d’argent et je les jetai au potier dans la Maison du Seigneur.”
(Zacharie 11,9-13)
Ce texte, mystérieux à première lecture, prend tout son sens dans le récit de la Passion de Jésus :
- Il parle d’une alliance brisée et donc d’un traître. Ce traître sera Judas.
- Il nous donne le montant précis de la trahison : trente pièces d’argent était, selon la Loi juive (Exode 21,32), le prix d’un esclave. Ce détail souligne l’humiliation du Christ, estimée à un prix dérisoire. C’est ce même montant accordé par les pharisiens à Juda comme prix de sa trahison que l’on retrouve dans la prophétie.
- Il nous indique que cet argent ne profitera pas au traître mais sera jeté au potier. Les chefs religieux, jugeant cet argent « maudit » car il a servi à livrer un innocent, ne veulent pas le remettre dans le trésor du temple. Ils l’utilisent alors pour acheter un champ : “Ils tinrent conseil, et achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers” (Matthieu 27,7).
Il est incroyable de remarquer que la trahison de Judas avait été annoncée plus de 500 ans avant par le prophète Zacharie et que cette prophétie s’est réalisée avec le concours des pharisiens qui n’avaient pas du tout intérêt à ce qu’elle se réalise puisqu’elle leur donnait tort en indiquant le Messie trahi comme le Messie véritable.
La fin de Judas : remords mais pas réconciliation
Judas, en réalisant la gravité de son acte, est pris de remords. Il essaie de rendre l’argent, mais les chefs religieux refusent. Il jette alors les pièces dans le temple, puis met fin à ses jours (Matthieu 27,5). Nous pouvons voir en lui une figure tragique, déchirée par la culpabilité, mais incapable de croire en la miséricorde de Dieu. C’est l’inverse de l’exemple de Saint Pierre qui après avoir renié Jésus regrette et accepte son pardon.
En conclusion, nous pouvons dire que la trahison de Judas n’est pas un accident imprévu. Elle avait été annoncée depuis longtemps, et notamment par le prophète Zacharie, avec une précision étonnante. Cette trahison fait partie du chemin de Jésus vers la croix, où Il offre sa vie par amour.
Pour les chrétiens, ces prophéties accomplies ne sont pas de simples coïncidences. Elles sont des signes que Dieu guide l’histoire, même à travers les évènements les plus sombres.