J’ai la chance d’enseigner à des adolescents et d’être en contact avec les questions qu’ils se posent ! Cela me pousse à creuser davantage ma foi et à questionner ce qui me paraît parfois évident. Une question qui revient souvent est celle de l’existence réelle de Jésus. L’histoire atteste-t-elle réellement de son existence ? Et si oui, peut-on dire que le Jésus historique est différent du Jésus des croyants ? C’est une question légitime, et je profite de cet article pour y répondre.
Nous verrons dans un premier temps ce qu’en disent les sources non chrétiennes avant d’approfondir ce qu’en disent les Évangiles – qui sont des sources historiques fiables, bien que rédigées dans une perspective de transmission de la foi.
Jésus de Nazareth, un homme dans l’Histoire
Nous le savons avec certitude aujourd’hui : Jésus n’est pas un personnage mythique inventé a posteriori. Son existence est d’ailleurs attestée comme figure historique par plusieurs sources non chrétiennes, indépendantes des Évangiles. Ces témoignages extérieurs, parfois hostiles au christianisme, confirment son existence, son influence publique, et sa condamnation à mort par crucifixion.
Flavius Josèphe (37 – v. 100 ap. J.-C.), historien juif romanisé, mentionne Jésus à deux reprises dans ses Antiquités judaïques (vers 93 ap. J.-C.). Le passage le plus célèbre, le Testimonium Flavianum, dit :
« En ce temps-là , vivait Jésus, un homme sage, si toutefois il faut l’appeler un homme. Car il accomplissait des choses prodigieuses, était maître de ceux qui reçoivent la vérité avec joie. Il attira à lui beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs. Il était le Christ. Et, sur la dénonciation des chefs de notre peuple, Pilate le fit crucifier. Ceux qui l’avaient aimé dès le début ne cessèrent pas de le faire. Il leur apparut le troisième jour, vivant de nouveau, comme l’avaient prédit les divins prophètes. » (Antiquités, XVIII, 3, 3)
Ce passage a probablement été embelli par des copistes chrétiens, mais la plupart des spécialistes s’accordent à reconnaître un noyau authentique mentionnant Jésus comme maître juif, crucifié sous Pilate, dont le mouvement a perduré après sa mort.
Un second passage, souvent jugé plus fiable, évoque Jacques, frère de Jésus :
« Anan alors convoqua le Sanhédrin, fit comparaître Jacques, le frère de Jésus, appelé Christ, et quelques autres ; il les accusa d’avoir transgressé la Loi et les livra pour être lapidés. » (Antiquités, XX, 9, 1)
Ce témoignage confirme l’existence de Jésus, sa réputation comme Messie (au moins aux yeux de ses disciples), et la continuité de son influence.
Tacite (v. 56 – v. 120 ap. J.-C.), sénateur et historien romain, écrit dans ses Annales (vers 116 ap. J.-C.) à propos de la persécution des chrétiens sous Néron :
« Pour faire taire la rumeur [de l’incendie de Rome], Néron inventa des coupables et infligea les tortures les plus raffinées à ceux que le peuple appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christus, qui, sous le règne de Tibère, fut supplicié par le procurateur Ponce Pilate. » (Annales, XV, 44)
Tacite, auteur païen et hostile au christianisme, confirme trois faits essentiels : l’existence de Jésus (appelé Christus), sa mort sous Ponce Pilate, la naissance d’un mouvement appelé « chrétiens ».
Suétone (v. 69 – v. 126 ap. J.-C.), biographe des empereurs romains, écrit à propos de Claude :
« Il expulsa de Rome les Juifs qui s’agitaient sans cesse à l’instigation de Chrestus. » (Vie de Claude, XXV)
Ce « Chrestus » est sans doute une déformation de « Christus », indiquant que dès le milieu du Ier siècle, la prédication de Jésus provoquait des tensions dans les communautés juives de Rome.
Le Talmud juif, rédigé entre le IIe et le Ve siècle, évoque également Jésus sous le nom de « Yeshou ». Dans le traité Sanhédrin (43a), on lit :
« À la veille de la Pâque, on pendit Yeshou. Quarante jours auparavant, un héraut avait proclamé : « Il est conduit pour être lapidé, parce qu’il a pratiqué la sorcellerie et égaré Israël ». »
Bien que défavorable, ce texte confirme : qu’un homme nommé Jésus a existé, qu’il a été condamné à mort à la veille de la Pâque, qu’il était perçu comme un agitateur influent.
Ces témoignages de sources non chrétiennes confirment donc bien l’existence historique de Jésus, son exécution sous Ponce Pilate et l’impact durable de son message. Ils montrent que, dès les premières décennies, Jésus était reconnu comme une figure marquante, au point de susciter un mouvement qui a survécu à sa mort. Loin d’être une invention tardive, Jésus apparaît comme un homme bien réel, ancré dans l’histoire du Ier siècle.
Ces informations, bien que précieuses, ne suffisent pas à exprimer qui est vraiment Jésus ainsi que le cœur de son message. Pour le découvrir, allons voir ce qu’en disent directement les évangiles.
Jésus de Nazareth dans les Evangiles
Les Évangiles sont les principales sources sur la vie et l’enseignement de Jésus. Bien qu’ils ne soient pas des biographies au sens moderne, ils figurent parmi les documents historiques les plus fiables de l’Antiquité, en raison de leur ancienneté, de la proximité avec les événements décrits et du nombre exceptionnel de manuscrits conservés (un article entier de notre blog sera d’ailleurs consacré à ce sujet).
Les Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc, Jean) ont été écrits entre 65 et 100 ap. J.-C., alors que des témoins oculaires vivaient encore ce qui renforce leur crédibilité.
Ils s’accordent sur plusieurs faits essentiels de la vie de Jésus:
- Ils rapportent son baptême par Jean le Baptiste dans le Jourdain – « Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain » (Marc 1,9) – puis sa prédication en Galilée, où il annonce : « Le temps est accompli, et le Royaume de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Marc 1,15).
- Les récits évoquent de nombreux miracles, signes de la compassion divine : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés… » (Luc 7,22). L’opposition des chefs religieux, choqués par sa liberté et ses fréquentations, ne cesse de croître – « Ce n’est pas permis ! », disaient-ils, indignés qu’il guérisse le jour du sabbat (Marc 3,1-6) – jusqu’à sa crucifixion sous Ponce Pilate.
Un homme vraiment homme
Les Évangiles montrent un Jésus pleinement humain. Il ressent la faim (« Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim » – Matthieu 4,2), la joie (« Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit » – Luc 10,21), la colère (« Il regarda les gens avec colère, attristé de l’endurcissement de leur cœur » – Marc 3,5), la fatigue (« Fatigué du voyage, il s’assit au bord du puits » – Jean 4,6). Il pleure (« Jésus pleura » – Jean 11,35), il prie (« Il se retira à l’écart pour prier » – Luc 5,16). Il vit dans la pauvreté (« Le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête » – Luc 9,58) et la souffrance, proche des malades, des exclus, des pécheurs, des étrangers (« Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » – Marc 2,17).
Son message est relationnel et existentiel : il parle de pardon (« Va, et ne pèche plus » – Jean 8,11), de liberté (« La vérité vous rendra libres » – Jean 8,32), de dignité (« Il relève les humbles » – Luc 1,52). Il n’écrit pas, il rencontre. Il touche (« Jésus étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur » – Matthieu 8,3), il guérit (« Il parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, prêchant la bonne nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité » – Matthieu 9,35).
Cette humanité est d’ailleurs un critère de fiabilité : les Évangiles n’idéalisent pas un héros surhumain. Jésus doute à Gethsémani (« Mon âme est triste à en mourir… Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » – Matthieu 26,38-39), meurt dans l’abandon (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » – Marc 15,34). Ses disciples sont faillibles : Pierre renie (« Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois » – Luc 22,61), Thomas doute (« Si je ne vois pas… je ne croirai pas » – Jean 20,25), les autres fuient (« Alors tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite » – Matthieu 26,56).
Mais aussi le fils de Dieu et Dieu lui-même
Les Évangiles ne présentent pas seulement Jésus comme un homme exceptionnel. Ils affirment qu’Il est le Fils de Dieu, et même Dieu lui-même fait homme. Cette affirmation traverse tout le Nouveau Testament, non comme une idée abstraite, mais comme une expérience vécue par ses disciples : ils ont vu, entendu, touché celui qu’ils appelleront bientôt « Seigneur ».
Cette foi ne repose pas uniquement sur des titres, mais sur ses gestes, ses paroles, sa relation unique avec Dieu. Jésus pardonne les péchés (« Tes péchés sont pardonnés » – Marc 2,5), ce que seuls Dieu peut faire selon les scribes. Il guérit par sa seule parole (« Lève-toi, prends ton lit et marche » – Jean 5,8). Il commande aux éléments naturels (« Il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! Tais-toi ! » – Marc 4,39). Il ressuscite les morts (« Jeune homme, je te le dis, lève-toi » – Luc 7,14). Il marche sur les eaux et se présente en disant : « C’est moi, n’ayez pas peur » (Jean 6,20).
Par ses paroles, Jésus revendique une autorité divine. Il ose affirmer : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24,35), chose inconcevable pour les paroles d’un simple prophète.
Lors de son procès, interrogé par le grand prêtre, Jésus ne renie pas son identité. Il reconnaît être « le Christ, le Fils du Dieu béni », et ajoute : « Vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite de la Puissance et venir avec les nuées du ciel » (Marc 14,61-62). C’est cette affirmation qui lui vaudra la condamnation : pour les autorités religieuses, elle est un blasphème car on n’a pas le droit de se faire l’égal de Dieu.
L’Évangile selon Jean exprime avec clarté cette foi profonde dès les premières lignes : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu… Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jean 1,1.14). Jésus est présenté non comme un homme divinisé, mais comme Dieu fait homme, venu dans le monde.
C’est pourquoi, dès les origines, les chrétiens ont prié Jésus, l’ont invoqué, l’ont adoré, comme on n’adore que Dieu. Thomas, après la résurrection, s’écrie en le voyant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20,28).
Il ne s’agit pas d’une divinité lointaine ou triomphante, mais d’un Dieu humble, entré dans notre humanité, venu nous sauver non par la force, mais par l’amour et l’abaissement : « Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10,45).
Et aujourd’hui :
C’est ce même Jésus que nous souhaitons aimer et faire connaître, vrai homme et vrai Dieu. Le Jésus historique, le Jésus des évangiles et le Jésus que nous pouvons rencontrer aujourd’hui est une seule et même personne !
Si vous souhaitez approfondir votre connaissance de Jésus je vous encourage à ouvrir votre Bible dès aujourd’hui et à vous plonger dans sa lecture.
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