J’aime beaucoup cette phrase du théologien orthodoxe Olivier Clément : “le christianisme est la religion des visages”.
Pourquoi ? Parce que Dieu s’est manifesté non pas comme une idée abstraite, mais dans un visage. En Jésus, le Fils de Dieu a pris un visage d’homme et Il nous appelle à nous aimer les uns les autres, en commençant par notre prochain.
Et Saint Jean, dans sa première lettre, le souligne : “Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie… nous vous l’annonçons” (1 Jean,1:3)
Mais qu’annonçons-nous réellement ?
Rien de moins que le plus grand mystère et la plus profonde espérance du cœur humain : une vie éternelle.
Une existence qui ne s’achève pas dans la tombe, mais qui trouve son accomplissement dans la rencontre d’un Visage, celui de Dieu, baigné de lumière et d’amour.
Partons aujourd’hui à la rencontre du visage du Christ ressuscité en découvrant les symboles d’une icône orthodoxe.
L’icône de la Résurrection : une image théologique

Dans l’iconographie orthodoxe, l’icône de la Résurrection – aussi appelée Descente aux enfers – illustre ce moment du Credo : « Il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité d’entre les morts… »
Mais ici, les « enfers » ne désignent pas l’enfer éternel, lieu de damnation, mais le Sheol, ce monde des morts où attendaient tous ceux qui étaient décédés avant la venue du Christ. Ce lieu n’était ni le paradis ni l’enfer, mais un espace d’attente pour tous ceux qui sont décédés avant la venue du Christ. En effet, tant que le Christ n’était pas mort et ressuscité, la victoire sur le péché et la mort n’était pas encore accomplie.
Dans cette icône, Jésus surgit dans ce monde obscur comme le Seigneur de la Vie avec sous ses pieds, les portes brisées de l’enfer. Autour, des clés cassées, des verrous éventrés, des chaînes rompues : tous les symboles de la captivité sont défaits. Le mal est vaincu.
Adam et Ève : humanité relevée
Le Christ saisit Adam et Eve par le poignet, un geste fort : ils ne remontent pas par leurs propres forces, mais c’est Dieu qui vient les tirer vers la Vie. Ils représentent toute l’humanité en attente de la délivrance que Jésus veut nous apporter.
Derrière eux, les figures bibliques défilent. A droite il est possible de reconnaître Abel le berger, Moïse et le prophète Elie.
A gauche d’Adam, les rois David et Salomon, en habits royaux, s’inclinent dans la prière. Tous reconnaissent dans le Ressuscité l’accomplissement de leurs espérances. Jean-Baptiste (à gauche, sans couronne), fidèle à sa mission, désigne du doigt Jésus comme “l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde” (Jean 1:29).
La lumière jaillit de la grotte
La scène se déroule dans une cavité sombre, symbole de la mort, mais une lumière y éclate : elle entoure le Christ, signe de la gloire divine. Cette lumière ne reste pas enfermée, elle déborde, éclaire, libère. Le mot « Pâques » signifie « passage ». Ici, le passage est ouvert. La mort n’est plus un mur, mais une porte vers la vie éternelle.
On distingue également au sol une figure vaincue et enchaînée : c’est Satan, symboliquement réduit à l’impuissance. Comme le dit l’Apocalypse : La mort a été engloutie dans la victoire. (1 Corinthiens 15, 54)
Une icône pour aujourd’hui
Cette icône n’est pas seulement un rappel d’un événement passé. Elle est un appel, aujourd’hui encore, pour chacun de nous.
Car dans nos propres enfers – nos doutes, nos blessures, nos culpabilités, nos impasses – le Christ vient.
Il vient nous tendre la main. Il vient briser ce qui nous enchaîne. Il vient nous dire que la lumière a le dernier mot.
Saint Paul nous le rappelle : “Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui” (Romains 6,8).
Et cela commence dès maintenant. La résurrection n’est pas qu’un événement futur ou passé : elle est une rencontre. Celle du Maître de la Vie, c’est-à-dire Jésus, qui nous rejoint dans notre nuit pour nous en faire sortir.