Quand Dieu se met à table : les repas dans la Bible
Des montagnes de foie gras, des caisses de vin, des kilos de mandarines, de dinde, de marrons, de fromages, de papillotes... Il y a parfois de quoi avoir la nausée, quand on s’approche de Noël !
Surtout qu’on entend déjà tante Jacqueline se plaindre des kilos qu’elle va devoir perdre « après les fêtes » et oncle Roger qui râle parce qu’il s’est encore coupé en ouvrant les huîtres, alors qu’on a attendu des heures à la caisse du supermarché au milieu des clients agacés et des caissières épuisées.
On peut avoir envie de tout envoyer balader et se demander : à quoi bon tout ça ? Est-ce qu’on ne pourrait pas faire comme d’habitude (avec une – toute petite – boîte de chocolats quand même) ?
La Bible nous enseigne sur ce point : les repas sont importants.
Et même essentiels.
Parce qu’ils sont au cœur des relations entre les hommes, et avec Dieu lui-même.
Qu’est-ce que la Bible nous enseigne pour notre époque ?
Le repas : un lieu de rencontre et d’accueil de l’autre
· Chez Abraham : l’accueil de l’étranger
Dans l’Ancien Testament, trois voyageurs viennent demander l’hospitalité à Abraham, qui les accueille avec enthousiasme.
Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna jusqu’à terre. (Genèse 18:2)
On dit souvent que ces trois voyageurs sont Dieu lui-même, qui s’invite chez lui pour le repas.
Au menu : un veau gras, des galettes, de l’eau, du lait, du fromage blanc.
Ce qui me touche dans ce texte, c’est que ce sont des étrangers pour lui, qui viennent le « déranger » à l’heure la plus chaude du jour.
Et pourtant, Abraham se lève, les accueille, les sert.
· Chez le père du Fils prodigue : l’acceptation de l’autre, sans condition
Même menu lors du festin donné par un père dans la parabole (histoire inventée par Jésus) du retour du « fils prodigue », un grand jeune qui a dilapidé son héritage au jeu et avec des prostituées :
"Allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. (Luc 15:23-24)
Ce repas, c’est le signe que ce père accueille son fils comme il est, qu’il l’accepte avec tout ce qui fait sa vie. J’aime bien imaginer ce dîner que l’Evangéliste ne raconte pas, avec ce papa tout content de retrouver son enfant, le regardant manger avec plaisir et échangeant avec lui des gestes de tendresse.
Comment ça me parle aujourd’hui ?
La table est le lieu où chacun peut être accepté pour ce qu’il est et écouté. Un lieu de sécurité affective, de partage des émotions.
Une occasion d’ouverture de chez soi et de son cœur
Dans les Évangiles, on voit souvent Jésus manger. Et il n’est pas très regardant sur la qualité de ses hôtes ! Quand il rencontre Zachée, un collecteur d’impôts malhonnête, il s’invite carrément chez lui :
Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. (Luc 19:5)
Jésus va chez lui, mange ce que Zachée lui offre : certainement un repas délicieux, mais qui est clairement le fruit de ses vols. Ce qui importe à Jésus, c’est ce qui se joue dans le cœur de Zachée avant et pendant ce repas :
Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. (Luc 19:6)
Comment ça me parle aujourd’hui ?
Peu importe que je sois un cordon bleu ou que je fasse toujours tout cramer : ce qui compte c’est d’ouvrir la porte de chez moi et aussi la porte de mon cœur, en me mettant au service de ceux qui viennent. Cela me donne la joie !
Une occasion d’expérimenter la gratitude
Dans la Bible, Dieu vient à de nombreuses reprises donner de la nourriture à ceux qui ont faim : il fait pleuvoir la manne – sorte de graines à partir desquelles on pouvait cuisiner des galettes – dans le désert que traversent les Hébreux, Jésus multiplie des pains et des poissons pour rassasier ceux qui viennent l’écouter lors d’une sorte de pique-nique géant, ...
Partager un repas, c’est l’occasion de remercier Dieu pour le don de la nourriture, qui nous permet de vivre.
Comment ça me parle aujourd’hui ?
Partager un repas me donne l’occasion d’exprimer ma gratitude ; envers Dieu, les agriculteurs, les éleveurs, les commerçants, ceux qui ont préparé le repas...
Un moment de convivialité et de fraternité, jusqu’à la communion
· Du vivant de Jésus...
Lors d’un repas, on mange la même chose, on parle ensemble : c’est la communion des corps et des esprits.
Évidemment, on pense à cet égard au repas par excellence : La Cène. C’est le dernier repas de Jésus avec ses amis, avant d’être arrêté, torturé, mis à mort. On dit que c’est la première messe.
Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : “J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu.” (Luc 22:14-16)
Partager le pain et le vin de ce dernier repas, c’est être tous ensemble avec Jésus, communier avec Lui.
· ... Et même après sa mort !
Même après la résurrection, Jésus retrouve ses disciples autour de repas : par exemple, il leur prépare un petit déjeuner sur la plage après une nuit de pêche.
Jésus leur dit alors : “Venez manger.” Aucun des disciples n’osait lui demander : “Qui es-tu ?” Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. (Jean 21:12-13)
Ou bien quand il rencontre des amis sur le chemin d’Emmaüs, il reste manger avec eux pour leur permettre de le reconnaître :
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : “Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse.” Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent. (Luc 24 : 28-31)
Comment ça me parle aujourd’hui ?
Dieu s’intéresse à moi. Il veut me parler, entrer en relation avec moi. Je peux entrer en communion avec Lui en lisant sa Parole dans la Bible, en Lui parlant dans ma prière ou bien en communiant à la messe.
Je sais pas vous, mais moi, ça m’ouvre l’appétit , tous ces récits de repas : la rencontre, l’ouverture du cœur, la joie, la fraternité, la communion...
Ça donne presque envie de pousser son caddie avec enthousiasme dans les allées du supermarché pour le réveillon de Noël, non ?